Dix-neuf
Bord de l'eau, dont l'abondance est la nourriture tous
espéré
Terrains riverains dont l'abondance est la nourriture que tous espèrent (Apollinaire)
Apollinaire, l'amoureux de l'eau comme on le connaît bien (ne l'appelle-t-on pas parfois Guillaume l'Aquatique ?) était-il vraiment si hydrophile ? De récentes études prouvent qu'il aurait eu peur de l'eau pendant de longues années, avant son fameux voyage jusqu'en Corse. Il en sème quelques indices dans ses oeuvres, comme ici dans Alcools (1913) où l'abondance de rives, les fameux "bords de l'eau" enfantins, est présentée comme nutritive, pour l'homme qui va se noyer. Incapable de se limiter à son propre cas, Apollinaire croit que tout le monde partage cette angoisse. Voilà pourquoi il a créé ces fameux rassemblements appelés "par tous" : guérison par tous, dérision par tous. Le thème étant rapidement traité, ils ont bien dû s'occuper autrement, donnant aux partous la postérité qu'on leur connaît.